LA VITRINE DE L'ART CONTEMPORAIN DU BÉNIN: PEINTURES, SCULPTURES, INSTALLATIONS, PHOTOS ET VIDÉOS

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dimanche 1 juin 2014

Daniel Djengué



Il crée des tableaux  qui s’inspirent des codes et de la chromatique voudoun et qui intègrent  statuettes, cauris et noisettes. C’est une œuvre ancrée dans la culture vodoun. Polysémique cependant elle autorise plusieurs niveaux de lecture selon que l’on est familier des symboles voudoun ou que l’on soit simple esthète. Une œuvre ouverte telle une auberge espagnole : on trouve le sens que l’on y apporte. D’où la réticence de l’artiste d’appauvrir l’interprétation de son travail en en donnant les clefs d’entrée dans l’œuvre.







Syl. Pâris. Kouton





Artiste peintre, sculpteur, installationniste, Syl. Pâris. Kouton est né en 1972, il vit et travaille à Porto-Novo. Artiste raffiné, d’extraction princière et  fier de son patrimoine culturel, son art conjugue tradition et la modernité pour une mise en résonance des deux.
 


 
















Cité Baata, l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la conscience collective est une installation d’objets de récupération dont principalement  des chaussures transformées en masques, en coiffures et en sculptures zoomorphes par l’adjonction d’autres objets. Citée Baata est  un sanctuaire, on y entre déchaussé mais au-delà de la référence au Voudoun, cette œuvre joue sur plusieurs registres. 


 


















L’artiste joue sur plusieurs niveaux de réception de son travail, passant de la métaphysique au trivial, du religieux au commercial, de la similitude entre les attitudes face au sacré et celles devant la consommation. Cité Baata articule avant tout un discours critique sur nos modèles de consommation et sur le paradoxe de notre monde qui congédie les dieux voudoun pour y installer d’autres : l’étagère du magasin d’objets devient l’autel dédié au produit de consommation.
La démarche de Kouton est subtile, subversive, consumériste. L’art de Syl Pâris Kouton consiste à puiser dans les référents de sa culture voudoun pour penser une réflexion sur les interférences entre le local et le global dans un monde devenu village planétaire.
 

Donatien Alihounou, un artiste engagé





Peintre et sculpteur, Donatien Alihounou vit et travail à Porto Novo. Il utilise la technique mixte de récupération et de peinture.
Ses tableaux  empruntent  aux tisserands traditionnels d’Abomey et de Porto Novo la technique des appliqués.  Avec une plaque d’imprimerie comme fond de toile, il pose et coud au fil de fer des découpes qui peuvent être des personnages ou des choses.



Engagé socialement pour la protection des droits de  l’enfant et pour l’assainissement de la ville, ses œuvres dénoncent les souffrances et les injustices infligées à la petite fille. Ainsi le tableau Visage est un portrait de jeune fille esquissé à coup de couture d’un couvercle de pot de peinture sur une plaque d’imprimerie, d’insertion de cauris et de ciseaux. De cette rencontre incongrue d’objets épars émerge une physionomie de fillette saisissante de poésie. Ce tableau offre à voir un visage blanc, virginal, qui réaffirme l’innocence et le bonheur de l’enfance. Pourtant, derrière l’air rassurant du visage, l’œil qui s’y attarde perçoit la menace que représente cette paire de ciseaux et qui peut évoquer l’excision, la mort. Ainsi sont les œuvres de Donatien Alihounou : elles opèrent avec une grande économie de moyens ; en revanche elles dégagent une forte expressivité.

 





Benjamin Déguénon, sculpteur




Benjamin Deguenon est né à Abomey mais vit et  travaille à Cotonou depuis quelques années. Il dessine et il fait des installations. Artiste de la récup, c’est essentiellement les boites de tomates, des canettes qui constituent le matériau des ses tableaux et sculptures où domine le grenat. Benjamin nous embraque dans une barque de Noé remplie de créatures ratées, difformes, monstrueuses.


C’est un opéra monstrueux que met en scène Benjamin Deguenon. Mais à y voir de près, ces monstres-là ont un côté anthropomorphique. Humain. Trop humain, ces créatures difformes. Ils nous ressemblent. Theatrum mundi. Son bestiaire est une allégorie du monde.
Benjamin est un moraliste. Ses statuaire tératologique n’est qu’un détour pour mieux parler des humains et pointer leurs travers...Ses tableaux, des miroirs non réfléchissants tendus devant le spectateur pour que son imagination s’y reflète!
Le Serpent


 

Sophie Négrier, photographe




Sophie Négrier est née en 1983 en France. Cette Française est venue au Benin en 2009, dans le cadre d’un stage de fin d’études aux Beau Arts portant sur la coiffure béninoise. Fascinée par la coiffure africaine, elle poursuit son travail photographique. En noir et blanc, elle saisie les volumes, les lignes et les enchevêtrements des tresses et cela donne des images saisissantes de coiffures majestueuses, parfois extravagantes mais toujours d’une grande beauté.
 












De la coiffe africaine, elle est naturellement venue au corps, mais toujours dans une démarche de révélation de la beauté. Son objectif, elle le braque  sur les déficients physiques. Crépitement du flash qui frappe d’un éclat de lumière le corps comme la baguette d’une fée, opération magique de transfiguration qui inonde le modèle de lumière, annulant, dissimulant le handicap et révélant ce qui, dans ce corps,  distille de la grâce, de la beauté.


L’art poétique de Sophie Négrier consiste à faire prendre aux êtres que leur morphologie tend à exclure de la société la dignité et la beauté qu’ils ignorent en eux et que les autres ne voient pas.