LA VITRINE DE L'ART CONTEMPORAIN DU BÉNIN: PEINTURES, SCULPTURES, INSTALLATIONS, PHOTOS ET VIDÉOS

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lundi 12 mai 2014

Expo Yartécré Faso. Le Burkina est au Dak’art





L’association Yartécré Faso a exposé de huit artistes sous la houlette du sculpteur Ky Siriki, à la Galerie Gemaps. Des peintures, des sculptures et des photographies qui, baignant dans une scénographie épurée, ont montré le génie des artistes plasticiens.
La Galerie Gemaps est logée dans un hôtel. Un petit hôtel à deux niveaux. Un petit escalier étroit et vicieux relie les différents étages. On monte comme on gravit un chemin de montagne. On aurait pu ce lieu inapproprié pour une expo. Erreur ! Grâce à une scénographie minimaliste qui épouse la géographie réduite des lieux de Ky Siriki, cet hôtel s’est mué en un écrin pour les œuvres. Du rez-de-chaussée aux couloirs et au deuxième étage, les œuvres trônent sur des socles ou sont accrochées aux murs une scénographie réduite à l’essentiel. Un éclairage intimiste presque naturel baigne ses œuvres et leur donne un doux éclat. 

Dans ce cadre réduit, le visiteur est proche des œuvres. Ici, c’est la Bibliothèque du peintre Sambo Boly qui vous attire. C’est un grand tableau fait de collages de tissus dont la forme rectangulaire fait penser à des dos de livres serrés sur un  rayon. Des sortes de hiéroglyphes et quelques noms d’auteurs figurent au dos des livres. Cette œuvre dit la nécessité de préserver les bibliothèques pour la transmission de l’histoire et des sciences. Au vu du pillage des manuscrits de Tombouctou, cette œuvre prend tout son sens.
On peut aussi étancher sa soif de savoir, d’amour ou simplement de beauté devant l’œuvre du même titre de Christophe Sawadogo.  Le visiteur tombera certainement sous le charme de la Convoitée d’Abraham Abga, belle demoiselle au cou gracile d’antilope dont les yeux aux cils soyeux vous couve de son regard énamouré….Il lui viendra en mémoire  ce vers de Baudelaire : « Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis »

Il y a aussi les petites sculptures de Ki Siriki qui  intriguent, les tableaux naïfs de Segson et toutes les œuvres présentes  ont montré que le Burkina Faso n’a pas à rougir de ses artistes.

Vernissage Yartecre Faso


ZINKPE: Peintre de l’invisible


Dominique Zinkpè est né en 1969 à Abomey. Artiste touche-à-tout parce que tout le touche, il construit une œuvre-pieuvre, tentaculaire qui se déploie dans la sculpture, le dessin, la peinture et les installations. Artiste boulimique, rien ne résiste à son appétit de créateur. Ainsi cosmogonies vaudou, artefacts du christianisme, éclats du quotidien, travers de la société, tout cela nourrit son inspiration et irrigue une œuvre profuse, inquiétante et satirique autour de laquelle flotte un parfum de mysticisme irréligieux.
Il a fait sienne la maxime de Terence -rien de ce qui est humain ne lui est étranger-et son œuvre questionne l’homme dans ses dimensions physique et spirituelle, dans sa chair et son âme. Sa peinture est un théâtre tragico-comique avec des êtres étranges, personnages torturés, animaux étranges qui s’agitent, s’accouplent, et vivent.



C’est un univers halluciné, un autre monde qu’entrevoit le peintre qui somme la peinture de montrer l’invisible, de capter le frémissement des âmes et des esprits. Si ses peintures rappellent James Ensor et Francis Bacon, elles sont avant tout, une tentative de pousser la peinture dans ses extrêmes possibilités, de capturer le souffle des esprits sur la toile.





Son travail, par son ancrage dans sa culture et son ouverture au monde, fait penser au Sankofa, l’oiseau de la mythologie ashanti qui vole la tête tournée vers l’arrière et qui symbolise la nécessaire fusion entre passé et présent, d’aller avec sa culture à la rencontre de l’Autre.

Aston, l’Alchimiste

ASTON
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Aston, l’Alchimiste
Aston est un quinquagénaire qui vit et travaille au Bénin.  Musicien et sculpteur assembliste. Il élabore depuis 1991 une œuvre singulière et protéiforme. Des rebuts de la société de consommation, carcasses de réfrigérateur, de téléviseur, pales  de ventilateur, monceaux de bois, de tissu, bric-à-ric de plastique, de boîtes de conserve, de toute chose abandonnée, il fait œuvres d’art, suivant en cela Lao Tseu qui rêvait de « donner valeur au presque rien ».
 

Tout objet qui échoit entre ses mains bénéficie d’une seconde vie, est transfiguré en objet d’admiration. Dieu des Petits riens, il applique aux choses la promesse biblique faite aux hommes de retrouver la félicité dans l’au-delà après une vie bien remplie. 
Créer semble participe de la respiration de cet homme tant la création est présente dans son quotidien.  
 

















Il organise le chaos. Avec minutie. Ses créations sont un assemblage de bric et de broc mais jamais elle ne tombe dans  la surcharge. Profusion mais pas désordre.
C’est un artiste très engagé au discours politiquement incorrect. Toute son œuvre est une réflexion critique de la société.