Il crée des tableaux qui s’inspirent des codes et de la
chromatique voudoun et qui intègrent
statuettes, cauris et noisettes. C’est une œuvre ancrée dans la culture
vodoun. Polysémique cependant elle autorise plusieurs niveaux de lecture selon
que l’on est familier des symboles voudoun ou que l’on soit simple esthète. Une
œuvre ouverte telle une auberge espagnole : on trouve le sens que l’on y
apporte. D’où la réticence de l’artiste d’appauvrir l’interprétation de son
travail en en donnant les clefs d’entrée dans l’œuvre.
LA VITRINE DE L'ART CONTEMPORAIN DU BÉNIN: PEINTURES, SCULPTURES, INSTALLATIONS, PHOTOS ET VIDÉOS
dimanche 1 juin 2014
Syl. Pâris. Kouton
Artiste peintre, sculpteur, installationniste,
Syl. Pâris. Kouton est né en 1972, il vit et travaille à Porto-Novo. Artiste
raffiné, d’extraction princière et fier
de son patrimoine culturel, son art conjugue tradition et la modernité pour une
mise en résonance des deux.
Cité
Baata, l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la
conscience collective est une installation d’objets
de récupération dont principalement des
chaussures transformées en masques, en coiffures et en sculptures zoomorphes
par l’adjonction d’autres objets. Citée
Baata est un sanctuaire, on y entre
déchaussé mais au-delà de la référence au Voudoun, cette œuvre joue sur
plusieurs registres.
L’artiste joue sur plusieurs niveaux de
réception de son travail, passant de la métaphysique au trivial, du religieux
au commercial, de la similitude entre les attitudes face au sacré et celles
devant la consommation. Cité Baata
articule avant tout un discours critique sur nos modèles de consommation et sur
le paradoxe de notre monde qui congédie les dieux voudoun pour y installer
d’autres : l’étagère du magasin d’objets devient l’autel dédié au produit
de consommation.
La démarche de Kouton est subtile, subversive,
consumériste. L’art de Syl Pâris Kouton consiste à puiser dans les référents de
sa culture voudoun pour penser une réflexion sur les interférences entre le
local et le global dans un monde devenu village planétaire.
Donatien Alihounou, un artiste engagé
Peintre et sculpteur, Donatien Alihounou vit
et travail à Porto Novo. Il utilise la technique mixte de récupération et de
peinture.
Ses tableaux
empruntent aux tisserands
traditionnels d’Abomey et de Porto Novo la technique des appliqués. Avec une plaque d’imprimerie comme fond de
toile, il pose et coud au fil de fer des découpes qui peuvent être des
personnages ou des choses.
Engagé socialement pour la protection des
droits de l’enfant et pour
l’assainissement de la ville, ses œuvres dénoncent les souffrances et les
injustices infligées à la petite fille. Ainsi le tableau Visage est un portrait de jeune fille esquissé à coup de couture
d’un couvercle de pot de peinture sur une plaque d’imprimerie, d’insertion de
cauris et de ciseaux. De cette rencontre incongrue d’objets épars émerge une
physionomie de fillette saisissante de poésie. Ce tableau offre à voir un
visage blanc, virginal, qui réaffirme l’innocence et le bonheur de l’enfance.
Pourtant, derrière l’air rassurant du visage, l’œil qui s’y attarde perçoit la
menace que représente cette paire de ciseaux et qui peut évoquer l’excision, la
mort. Ainsi sont les œuvres de Donatien Alihounou : elles opèrent avec une
grande économie de moyens ; en revanche elles dégagent une forte
expressivité.
Benjamin Déguénon, sculpteur
Benjamin Deguenon est né à Abomey mais vit
et travaille à Cotonou depuis quelques
années. Il dessine et il fait des installations. Artiste de la récup, c’est
essentiellement les boites de tomates, des canettes qui constituent le matériau
des ses tableaux et sculptures où domine le grenat. Benjamin nous embraque dans
une barque de Noé remplie de créatures ratées, difformes, monstrueuses.
C’est un opéra monstrueux que met en scène
Benjamin Deguenon. Mais à y voir de près, ces monstres-là ont un côté
anthropomorphique. Humain. Trop humain,
ces créatures difformes. Ils nous ressemblent. Theatrum mundi. Son bestiaire est une allégorie du monde.
Benjamin est un moraliste. Ses statuaire
tératologique n’est qu’un détour pour mieux parler des humains et pointer leurs
travers...Ses tableaux, des miroirs non réfléchissants tendus devant le
spectateur pour que son imagination s’y reflète!
Le Serpent |

Sophie Négrier, photographe
Sophie Négrier est née en 1983 en France.
Cette Française est venue au Benin en 2009, dans le cadre d’un stage de fin
d’études aux Beau Arts portant sur la coiffure béninoise. Fascinée par la
coiffure africaine, elle poursuit son travail photographique. En noir et blanc,
elle saisie les volumes, les lignes et les enchevêtrements des tresses et cela
donne des images saisissantes de coiffures majestueuses, parfois extravagantes
mais toujours d’une grande beauté.
De la coiffe africaine, elle est naturellement
venue au corps, mais toujours dans une démarche de révélation de la beauté. Son
objectif, elle le braque sur les
déficients physiques. Crépitement du flash qui frappe d’un éclat de lumière le
corps comme la baguette d’une fée, opération magique de transfiguration qui
inonde le modèle de lumière, annulant, dissimulant le handicap et révélant ce
qui, dans ce corps, distille de la
grâce, de la beauté.
L’art poétique de Sophie Négrier consiste à
faire prendre aux êtres que leur morphologie tend à exclure de la société la
dignité et la beauté qu’ils ignorent en eux et que les autres ne voient pas.
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